Steve Vallet, 30 ans, a obtenu le titre de Meilleur ouvrier de France dans les métiers du carrelage lors du dernier concours (le 26e). Une épreuve et une aventure à rebondissements qu’il nous raconte.
Voici un nouvel épisode du Podcast MOF, consacré à Steve Vallet, un chef d’entreprise carreleur qui nous raconte son concours MOF dans ce 6e épisode de la série MOF, comment je suis devenu meilleur ouvrier de France.
Parmi les 40 métiers du bâtiment concernés par le concours MOF, organisé par le COET MOF, celui de la classe carrelage a, en effet, été soumis à rude épreuve lors de la 26e édition. Trois évaluations des oeuvres ont été nécessaires, suite à un « dysfonctionnement majeur du jury » selon les termes pudiques de Christian Forestier, président du COET MOF.
Au final, un seul candidat, Steve Vallet, installé à Vienne, au sud de Lyon, a été confirmé MOF au mois de mai 2019 parmi les trois lauréats initialement annoncés au mois de décembre. « Je me désole pour eux car je sais très bien, en tant que candidat, ce qu’ils ont pu endurer, vivre et espérer… pour ne rien obtenir au final » explique Steve Vallet, unique candidat MOF carreleur du 26e concours.
Conséquence du dysfonctionnement en question : la confirmation tardive du titre de MOF de Steve (au mois de mai), ne lui a pas permis d’aller à la Sorbonne pour recevoir son titre et son diplôme, en même temps que les autres lauréats. Une déception pour le carreleur qui attendait toujours de recevoir son titre et sa médaille au mois de juin.
Steve Vallet a décroché avec sa maquette le titre de Meilleur ouvrier de France dans la classe carrelage lors de la 26e édition du concours. A noter des joints noirs très esthétiques qui lui ont donné du fil à retordre !
Une formation en CAP carreleur après un bac S
Malgré le goût amer laissé par ce dysfonctionnement, Steve savoure le résultat final obtenu de haute lutte. Car la bataille a été très rude mais belle. « Je suis artisan carreleur, récemment installé à mon compte, et j’ai pensé que c’était le bon moment pour me lancer dans ce concours », explique-t-il.
Titulaire d’un bac Scientifique, et après avoir « essayé » les cours de fac, Steve s’est finalement orienté vers le métier de carreleur correspondant davantage à son attrait pour les travaux manuels notamment de finition et de décoration. Une formation en apprentissage dans un CFA lui a permis de trouver rapidement du travail dans la région.
Détails de la réalisation de la maquette de Steve Vallet, titulaire du titre MOF
Un mentor, Séverine Jean, Carreleuse titrée MOF en 2011
« Un jour, le patron du Comptoir du Carrelage, pour lequel je travaillais, m’a parlé d’une femme exceptionnelle, Séverine Jean, qui avait obtenu le titre de MOF carreleur en 2011. Je lui ai demandé de me la présenter et après notre rencontre, j’ai voulu tenter le concours » explique Steve.
C’est ainsi que démarre l’aventure du concours pour Steve : il s’inscrit sur le site du COET MOF, participe aux épreuves qualificatives avec 24 autres candidats, et obtient le feu vert du jury pour se lancer dans le concours. L’un des membres du jury m’a dit une chose importante : « il faut démarrer tout de suite le concours, sans perdre de temps, pour ne pas décrocher » se souvient le carreleur qui aura passé près de 700 heures sur sa maquette.
C’est ainsi que Steve se lance dans la bataille après avoir découvert le sujet de l’épreuve : « C’est une pièce très compliquée, peut être l’une des plus compliquées du concours MOF Carrelage » explique-t-il. Elle est en 3 dimensions, en forme de pyramide traversée par un cylindre avec une sphère qui s’emboîte dans ce cylindre… ».
L’épreuve prévoyait la confection d’une boule revêtue de mosaïque de 1 cm x 1 cm
Poncer la céramique, une difficulté technique majeure du concours MOF
Par ailleurs, la sphère doit être réalisée avec des pièces en mosaïque de 1 cm x 1 cm. Difficulté de l’épreuve : le candidat doit maîtriser non seulement les techniques du carrelage mais celles aussi celles de la mosaïque. « Il a fallu poncer la céramique, ce qui a généré une grosse recherche et de nombreux achats, pour savoir quelles machines pouvaient être utilisées » ajoute-t-il.
La forme atypique de la maquette (avec ses arêtes et élipses) a également nécessité de nombreux calculs et la réalisation de dessins précis grâce à un logiciel Autocad prêté par un ami du carreleur. « En fait, il faut un bon relationnel quand on se lance dans ce type d’aventure et ne pas hésiter à solliciter de l’aide et des conseils » précise Steve.
Ce travail préparatoire, incluant le dessin des plans sur ordinateur, la recherche de matériaux et d’outillage, lui prendra près deux mois, avant qu’il ne se lance dans la phase de réalisation. Quant à cette phase pratique, elle se déroulera durant de longs mois avec une méthodologie pointue et rigoureuse, issue des conseils que le jeune homme aura pu obtenir notamment de son mentor : Séverine Jean, toujours prompte à lui donner des conseils.
Le carreleur MOF dans l’attente de nouvelles aventures professionnelles
Cette épreuve aura également nécessité le soutien de sa famille : sa jeune épouse et sa mère l’ont encouragé et suivi durant de longs mois. « C’était capital, et les proches doivent être de la partie car après ma journée de travail sur le chantier, je filais dans le garage pour avancer sur la maquette, jusqu’à tard le soir… les proches doivent pouvoir le supporter ! ».
Aujourd’hui, Steve Vallet, se dit soulagé et heureux d’avoir conclu cette épreuve difficile, avec l’obtention d’un titre MOF. Il espère que sa compétence sera reconnue auprès des professionnels du BTP, dont les architectes, afin qu’ils n’hésitent pas à lui confier des missions à la hauteur de son savoir-faire…. Un savoir-faire qu’il espère pousser encore très loin au vu de son jeune âge et de sa passion pour ce métier…
Source : Apiedoeuvre.fr
