Feu d’artifices de maquettes des candidats MOF couvreurs
Un record ! 16 candidats se sont présentés au 26e concours de l’un des meilleurs ouvriers de France, en classe couverture et ornementation. Un record qui n’est pas dû au hasard…
« C’est esthétique, les proportions sont agréables à l’oeil et les règles professionnelles respectées. C’est simple et professionnel et cela correspond au cahier des charges que l’on attendait. On leur avait bien spécifié « ne rajoutez pas de difficultés à la difficulté, restez professionnel » rappelle Dominique Pelletier, président du jury, heureux de découvrir l’une des 14 maquettes remises par les candidats couvreurs.
Posées sur un plateau à roulette de 2 m x 1,20, les œuvres de dimension imposante trônent dans un gymnase à Ingré, près d’Orléans. C’est ici que les candidats sont venus déposer la veille le résultat de 12 mois de travail acharné. Un véritable feu d’artifice pour les candidats impressionnés et curieux de découvrir le parti pris esthétique de leurs confrères, lors de la remise de leurs œuvres.
A côté des maquettes des couvreurs, deux œuvres réalisées par des ornemanistes attirent l’œil : hautes de près de 3 m, ces pièces en zinc destinées à couvrir un dôme révèlent aussi la richesse technique et la créativité d’un métier un peu moins connu.
Les maquettes sont notées par les membres du jury. Les bardages constitués de tavaillons en châtaignier ont tous été travaillés de façon très différente d’un candidat à l’autre
Examen précis des maquettes sous toutes leurs coutures
Après le départ des candidats, les maquettes ont été rendues anonymes avec un simple numéro posé à côté de l’œuvre. Et ce sont 11 membres de jury qui sont allés découvrir et inspecter chaque maquette le lendemain, jour des délibérations. « C’est toujours un « jeudi » pour la classe couverture, spécifie Laurent Calmanovici, vice-président du jury.
Munis d’un stylo et de fiches papier, les membre du jury, à l’exception du président et vice-président, examinent et mesurent sous toutes leurs coutures les œuvres en compétition, qu’ils notent. « Au premier abord, on peut constater dans l’ensemble que la partie ardoise est moins bien maîtrisée que la partie métallique » remarque Dominique Pelletier.
Ce dernier a en effet constaté certaines supéraisseurs d’ardoises sur les tourelles des couvreurs, révélant un manque de pratique et d’expériences pour certains. « Cela dénote aussi un manque de culture par rapport à l’ardoise, et notamment pour les professionnels qui ne sont pas issus de l’Ouest de la France » poursuit le président du jury.
La maîtrise parfaite du zinc, de l’ardoise, de la tuile plate et des autres métaux est requise pour se lancer dans l’aventure du candidat MOF classe couverture.
L’ardoise moins bien traitée que la tuile plate et le métal
En revanche, la tuile plate « plus facile à mettre en œuvre sur une pente » selon le président et la partie métallique (bardage zinc, versants métalliques) ont plutôt été bien traitées, avec certaines belles surprises et innovations sur le plan esthétique.
« On a vu du bardage métallique avec des cassettes à joint creux ou encore un autre, représentant un damier réalisé avec du cuivre étamé, du zinc et du cuivre jaune et rouge » commente Dominique Pelletier admiratif. Des réalisations qui ont impressionné le jury et qui montrent que les candidats disposent d’une solide formation et maîtrise sur ces nouveaux savoir-faire.
« Il fallait tout d’abord éviter les « fioritures » qui gâchent parfois l’aspect visuel, ensuite, veiller à l’incompatibilité zinc-cuivre et enfin, faire attention à l’esthétisme du bardage » résume le président du jury.
Ce bardage métallique mis en oeuvre avec des pièces travaillées en losanges donne l’effet d’un damier… ou d’une pyramide de cubes !
Encourager les candidats à poursuivre l’aventure
Alors si ce cru s’avère excellent avec un grand nombre de candidats, « c’est aussi parce que les candidats couvreurs et ornemanistes sont accueillis avec attention et bienveillance par ce jury », insiste Sylvette Rodriguez, représentante de l’Education nationale et du COET MOF pour différentes classes de métiers (Bâtiment et autres).
Une donnée importante pour encourager les candidats à poursuivre cette aventure si exigeante qui mobilise près de 1500 heures de travail dans l’année. « Nous manquons de professionnels couvreurs et l’excellence peut donner un coup de projecteur sur ce beau métier » indique Laurent Calmanovici.
En effet, il faut 5 bonnes années pour apprendre le métier et 5 autres années pour se perfectionner, de l’avis des professionnels, membres du jury. Un temps long d’apprentissage, semblable à de nombreux autres métiers exigeants, qui suppose d’aimer apprendre un métier et ensuite d’aimer l’exercer…
Le jury s’est réuni à Ingré (45) pour examiner et noter les maquettes rendues anonymes.
Peu de formation d’ornemaniste en France
Sur les trois candidats ornemanistes qualifiés pour le concours MOF, seuls deux ont livré leurs oeuvres… impressionnantes par leurs dimensions. Et si le concours mobilise peu de professionnels, c’est que le métier demeure confidentiel.
Notons qu’il n’y a pas de formation assurée par les CFA ou l’Education nationale pour le métier d’ornemaniste. Le savoir et l’expertise s’apprennent en effet exclusivement en entreprise aujourd’hui. « On peut être couvreur au départ et devenir ornemaniste par la suite » indique le vice-président du jury, Stéphane Auder, lui même artisan ornemaniste dans le Maine et Loire.
La pièce que les candidats devaient réaliser est un dôme en zinc : elle réunit les difficultés de l’ornementation en général puisque le candidat doit maîtriser le dessin, le formage, la création d’empreinte et de moule et le repoussage.
Il doit ensuite assembler les éléments et réaliser un montage en finesse, sans soudure apparente sauf à certains endroits stratégiques, tout en les dissimulant. La pièce est réalisée en zinc naturel (à raison de 25 feuilles) ou en cuivre, ou encore en zinc quartz.
Stéphane Auder, vice-président du jury, examine les pièces d’ornementation, remises par les candidats MOF
Source : Apiedoeuvre.fr