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Poule Métal Jacket, la poule pondeuse d’écrous part concourir au Japon

Cette poule deviendra-t-elle la coqueluche des métalliers nippons ? Premier prix du concours Métal Jeunes, la sculpture partira défendre les couleurs de la France au Japon dès le mois de novembre prochain.

Les élèves métalliers serruriers du lycée des métiers Augustin Hébert, basé à Evreux, ont de quoi être fiers. Et l’équipe pédagogique qui les a accompagnés l’est tout autant. Leur sculpture baptisée « Poule Métal Jacket » sur le thème Mobile et Automates, réalisée dans le cadre du Concours Métal Jeunes, a remporté le premier prix, niveau V (CAP), lors des assises de la métallerie qui se sont déroulées le 5 juillet dernier à Paris. Mieux, son aventure ne s’arrête pas là !

L’ oeuvre complète avec son embase, un tronc d’arbre réalisé à partir d’une tôle martelée avec un marteau particulièrement adapté.

Amada, un grand fabricant japonais d’équipements de traitement des métaux et de machines basé à Kanagawa, a en effet repéré l’oeuvre, après la publication des résultats du concours publiés dans le magazine Métal Flash. Le fabricant également installé à Tremblay-en-France (93) a donc demandé à inscrire la Poule à son concours « The Precision Sheet Metal Technology ».

Précisons que cette nouvelle a suscité à la fois une grande joie et une contrariété pour les organisateurs du concours français (L’Union des Métalliers de la FFB). Ces derniers accueillent en effet traditionnellement les œuvres primées sur leur stand pendant le Salon EquipBaie et MétalExpo du 21 au 23 novembre à Paris. Or, la poule pondeuse d’écrous partira au Japon à ce moment là et ne pourra pas être exposée et admirée par les visiteurs du salon.

Les élèves et l’équipe pédagogique du Lycée ont mené d’intenses réflexions avant de définir les contours exacts de la sculpture métallique à réaliser

La poule tente une carrière au Japon

« L’oeuvre doit bientôt partir au Japon pour être examinée et, peut être, recevoir une notification pour participer à la remise des prix de ce concours qui se déroulera au mois de mars 2019 » indique Stéphane Bénard, enseignant de métallerie au lycée. La poule vedette doit donc abandonner ses terres normandes et françaises avant de lancer (peut-être) sa carrière sur les planches nippones.

En attendant ses pérégrinations que nous suivrons attentivement, revenons sur l’histoire de sa naissance. Elle est en effet née en terre normande, à Evreux, dans les ateliers du lycée des Métiers Augustin Hébert. Elle au préalable le fruit d’intenses réflexions menées par les élèves et l’équipe pédagogique dont Stéphane Bénard fait partie.

Cet enseignant de 45 ans, (il enseigne depuis l’année 2000 dans l’établissement) n’en est pas à son coup d’essai. « Nous participons au concours Métal Jeunes depuis 2008 et avons déjà remporté des récompenses, comme le prix du jury en 2014 ou des 3e prix lors des éditions précédentes ». Le Premier prix attribué en 2018 récompense ainsi dix années de participation sans relâche à l’épreuve (voir l’encadré ci-dessous) !

Le travail concernant les différentes pièces à réaliser a été réparti selon les aptitudes et difficultés de chacun.

Fédérer 10 enseignants et 28 élèves autour du projet

« Notre objectif en faisant ce concours est de faire participer tous les élèves » résume Stéphane Bénard qui dispense son savoir-faire à 28 jeunes âgés de 16 à 18 ans. Implantés dans le bassin d’Evreux, dans un rayon de 40 km autour de la ville, les élèves sont issus de publics et de parcours différents dont un tiers provenant de section Segpa (section enseignement général professionnel adapté) et un autre tiers du dispositif Ulis (unité localisée d’inclusion scolaire) spécialisé dans l’accueil des élèves en situation de handicap. Le dernier tiers provient des filières classiques de 3e des collèges environnants.

« Nous répartissons le travail et les différentes pièces à réaliser aux élèves selon leurs difficultés et leurs aptitudes, mais tout le monde fait quelque chose et chacun apporte sa pierre à l’édifice » insiste l’enseignant.

Concrètement, en septembre 2017, et après avoir pris connaissance du thème du concours (Mobile et automate), les enseignants du lycée se sont réunis pour se répartir les tâches préalables (réflexion sur les idées, dessins, thématiques du concours).

« Un animal normand… qui pond des écrous »

Rapidement les jeunes sont associés à la réflexion afin de proposer leurs idées. « Le musée de l’automate à Nantes a constitué l’une de nos sources de réflexion par exemple » indique l’enseignant. Les idées des 28 élèves ont alors fusé jusqu’à la proposition retenue, un « animal normand », (ce sera une poule au final, et non une vache) qui pond des écrous. « C’était un bon fil rouge pour nos métiers de la métallerie » précise Stéphane Bénard.

Ce travail d’équipe a permis d’associer dans un même objectif les élèves et une dizaine d’enseignants, (en Français, Anglais, Mathématiques, Dessin, Vie sociale et professionnelle et les enseignants en atelier). Le projet pédagogique s’appuie en effet sur les compétences de chacun : ainsi, une notice a pu être rédigée en anglais avec l’aide de l’enseignant dédié et elle sera d’ailleurs sans doute très appréciée au Japon…

« Nous avons également eu la visite d’un artiste normand, Lucien Pierre Gauger, dit GPL, qui est venu nous donner des idées pour travailler sur l’embase de la pièce, un tronc d’arbre, entièrement réalisé en métal sans aucune peinture. Il nous a aiguillé dans notre réflexion pour obtenir une patine particulière de cette embase grâce à une tôle martelée avec un marteau particulièrement adapté » explique Stéphane Bénard.

« On est sur le toit du monde »

Après trois mois de travail intense, la poule est sortie de ses limbes, en mars 2018. Examinée par les membres du jury à Paris, elle a obtenu le premier prix dans la catégorie V (CAP). « C’est très gratifiant, nous sommes partis avec 8 enseignants et 9 élèves au mois de juillet à Paris et sommes montés sur la scène pour récupérer le prix. Nos élèves étaient sur le toit du monde à ce moment-là » confie l’enseignant qui se dit heureux de s’être battu pour faire participer tous les élèves à ce projet.

Alors une prochaine participation du lycée des métiers au concours est-elle déjà dans la tête de l’enseignant ? « On se pose toujours la question, car c’est un travail acharné et on a l’impression d’avoir donné le meilleur à chaque fois », répond Stéphane Bénard encore prudent…

En tout cas, les aventures de la Poule Métal Jacket ne sont pas terminées. Espérons que les prouesses de ce volatile normand extravagant sauront convaincre les spécialistes du métal au pays du Soleil Levant !

La réalisation de la sculpture permet aux parents des élèves du lycée de poser un autre regard sur le métier de métallier, selon l’équipe pédagogique

Moteurs, attention frayeurs !

« Nous avons connu quelques frayeurs car le prototype de distributeur de boulons ne fonctionnait pas, alors que la réalisation de la poule était déjà bien avancé » explique Stéphane Bénard. La pièce d’origine, un moteur de tourne-broche adapté, est en effet tombé en panne. « L’une de nos élèves a discuté avec son grand père, spécialisé dans le traitement et la valorisation des déchets, et il lui a conseillé d’utiliser le moteur d’un four à micro-onde (qui fait tourner les plateaux) » raconte l’enseignant. Cette pièce a donc été utilisée et adaptée afin de pouvoir tourner et distribuer les boulons. Un bel exemple de coopération et de réflexion qui a permis de rendre l’oeuvre totalement opérationnelle.

Un vote pour déterminer le nom de l’oeuvre

C’est encore à l’issue d’une large réflexion soumise aux élèves et d’une décision collective que le nom de l’oeuvre a pu être choisi : Poule Métal Jacket (dont le nom évoque celui d’un film américain sur la guerre au Vietnam, « Full Metal Jacket »). Plusieurs propositions de noms ont circulé dans le lycée, et un vote organisé lors des journées portes ouvertes du lycée en mars dernier a permis de faire un choix. Parents et élèves ont donc voté pour ce nom à la fois drôle et emblématique de l’oeuvre réalisée…

Historique des participations du lycée des métiers Augustin Hébert à Evreux

En 2008, 3 sur le thème Léonard de Vinci avec « Le Rhombicubocaèdre », à Montpellier.

 

En 2010, 1er sur le thème univers de la BD avec « Histoire de fer alu’sion à la BD », à Lille.

 

En 2012, 4e sur le thème des arts forains avec le « QuartRoueCiel ».

 

En 2014, prix du jury sur le thème contes et légendes avec « Les secrets’en’Fer’més », à Poitiers.

 

En 2016, 3e sur le thème du 7e art avec « Uni Fer Stars », à Paris.

En savoir plus : lycée des métiers Augustin Hébert

 

Source : Apiedoeuvre.fr

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