Florent Boissarie, gérant de la Platrerie rochelaise, a voulu tenter le concours MOF, en 2013, sur la base d’un défi lancé par son beau-frère. Un beau frère auparavant apprenti dans son entreprise et déjà titulaire du titre de MOF…
Ce défi lui vaudra de replonger les mains dans le plâtre, pendant de longs mois, avec le soutien et l’appui de son beau -frère. Et Florent obtiendra le titre de MOF en 2015. Ce concours mené comme un combat au corps à corps lui a donné ce qu’il appelle, la plus belle récompense de sa vie, après la naissance de ses enfants… Un témoignage émouvant pour le second épisode de la série MOF à suivre.
Florent Boissarie a bénéficié d’une solide formation dans les métiers du plâtre et d’un riche parcours puisqu’il a fait le Tour de France en tant que Compagnon du Devoir. Il a ainsi connu une dizaine d’employeurs différents et a pu voyager et travailler en Allemagne pendant un an.
Après avoir travaillé en tant que salarié pour 4 autres employeurs, il se met finalement à son compte en 2007 et s’installe à la Rochelle où ses parents résident. Il crée sa première entreprise, la Plâtrerie rochelaise, et investit pas loin de 40 000 euros pour s’équiper d’un camion, de l’outillage d’une machine à plâtre. Plaques de plâtre, plâtrerie, isolation et staff constituent le cœur de métier de l’entreprise.
Quelques aides financières de la région Poitou-Charente et de la chambre des métiers de Charente-maritime aident le jeune entrepreneur à démarrer son activité. « J’ai également été hébergé dans un hôtel d’entreprise, ce qui m’a permis de bénéficier d’un loyer modéré » précise Florent Boissarie. Six mois plus tard, il rencontre un ancien plâtrier qui souhaite arrêter son activité. Florent l’embauche et le fait travailler deux ans.
Florent Boissarie dans son atelier à la Rochelle
Création et développement de l’entreprise pendant la crise
De 2007 à 2010, le chef d’entreprise va recruter 5 salariés au total, malgré une conjoncture difficile et le début d’une longue crise qui va fortement impacter le secteur du BTP. L’entreprise doit en effet s’adapter à la concurrence et à la baisse des prix que sont obligées de pratiquer nombre d’entreprises du bâtiment.
Son credo demeure la qualité du travail et le respect des exigences de la clientèle, des valeurs qui permettent à l’entreprise de croître et de recruter une dizaine de salariés supplémentaires (dont 2 apprentis) de 2010 à 2018.
Précisons que Cendrine, l’épouse de Florent, a rejoint l’entreprise en 2013 pour développer la clientèle. « J’ai organisé deux soirées portes-ouvertes en invitant 150 personnes, clients, architectes et partenaires pour leur faire connaître l’activité complète de Florent. Et là, nous avons connu une explosion de commandes de travaux » précise-t-elle. L’entreprise travaille ainsi pour une clientèle de particuliers (10 %), d’architectes et d’entreprises (70 %) et répond à des appels d’offres (20 %)
Florent Boissarie, après avoir obtenu son titre de Meilleur ouvrier de France, a décidé de créer La Gypserie, une nouvelle activité plus « haut de gamme » et complémentaire à son entreprise de Plâtrerie.
Inventivité et adaptation pour recruter du personnel
Aujourd’hui, avec 15 salariés à gérer, Sandrine monopolisée par l’administratif ne peut plus s’occuper du commercial. L’un de ses missions délicates, demeure le recrutement d’ouvriers qualifiés, une gageure pour laquelle, il faut déployer de l’énergie et faire preuve d’inventivité et d’adaptation.
« On ne trouve plus de candidats à engager dans notre métier, alors, nous sommes amenés à rechercher des profils qui sont en dehors du secteur du BTP et leur proposons de les former » complète Cendrine Boissarie. Les salariés bénéficient d’une journée de repos le vendredi tous les quinze jours (35 h) et perçoivent des salaires au-delà du Smic.
Outre la gestion administrative de la Plâtrerie Rochelaise, Cendrine doit s’occuper d’une nouvelle structure, La Gypserie qui emploie un salarié. C’est après avoir tenté le concours et obtenu le titre en 2015 de l’un des Meilleurs Ouvriers de France (MOF), que Florent a décidé de créer cette nouvelle activité.
Florent Boissarie a réalisé le sujet pendant un an (ici seulement l’une des parties du sujet sur la thématique de l’Art Déco)
Un titre de meilleur ouvrier de France en 2015
Ce diplôme et ce titre d’excellence représentent en effet un gage de qualité et de sérieux qui a profité à l’entreprise, admet Laurent Boissarie… même si en contrepartie, les clients attendent une qualité irréprochable, « une pression qu’il faut apprendre à gérer ».
La nouvelle entité permet ainsi à l’entreprise de proposer des prestations haut de gamme en plâtrerie et dans le domaine du décor : staff, restauration de bâtiments du patrimoine, ou des églises, stuc pierre et escalier sur voûte sarrasine (en neuf et en rénovation).
Les chantiers sont locaux, nationaux mais aussi internationaux. « Grâce au bouche à oreille, on vient nous chercher sur ces prestations de niche. Nous travaillons pour les professionnels à 80 % en sous-traitance et pour les particuliers très aisés pour le reste, dont une partie à l’international ».
Oeuvre réalisée pour le concours MOF 2013-2015 dans la classe Plâtrerie
« Il faut toujours faire ses preuves »
L’entreprise a récemment fêté ses 10 ans, et Florent Boissarie demeure prudent sur l’avenir. « Il a fallu 10 ans pour s’asseoir et être connu, ce qui est long, car nous fonctionnons dans un milieu fermé. Par ailleurs, il faut toujours faire ses preuves car nos clients recherchent de la qualité ainsi qu’une prestation complète incluant la peinture et la menuiserie. Or, nous avons du mal à recruter et à former des apprentis… »
En attendant, l’entreprise a récemment embauché deux jeunes apprentis de 18 et 19 ans, des réfugiés venus du Cameroun et du Mali, Dioulou et Morel, présentés par une organisation de placement.
Tous deux sont formés par le CFA des Compagnons du Devoir à Nantes et ont pour mission de décrocher leurs CAP de plâtrier. « Ils apprennent à travailler les techniques de mise en œuvre des briques, plaques de plâtre et du plâtre et sont très motivés » conclut le chef d’entreprise…
Source : Apiedoeuvre.fr / D. Legrand
