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Stéphane Auder, ornemaniste : 8e épisode de la série MOF

Artisan ornemaniste, Stéphane Auder gère une entreprise de 5 salariés à Bocé (49). Agé de 54 ans, le chef d’entreprise a rencontré un investisseur qui lui permettra de perpétuer le précieux savoir-faire d’un métier peu connu et dont il témoigne dans un nouvel épisode de la série MOF.

Stéphane Auder, 54 ans, et Meilleur ouvrier de France, est passionné de son métier qu’il exerce dans l’atelier jouxtant son domicile près de Baugé en Anjou (49). Il évoque dans le 8e épisode de la série MOF, comment je suis devenu Meilleur ouvrier de France, son témoignage sur l’épreuve dite en chantier qui lui a permis de décrocher son titre.

Couvreur de formation chez les Compagnons du Devoir, il a découvert et perfectionné l’art et les techniques de l’ornemaniste. « C’est un métier de niche puisque l’on ne compte qu’une dizaine d’entreprises en France, ce qui suffit d’ailleurs à répondre aux besoins du marché » précise Stéphane Auder.

La réalisation de ce campanile a permis à Stéphane Auder de décrocher son titre de lauréat MOF en 2011

« Le métier d’ornemaniste est né il y a 200 ans avec l’avènement du plomb, matériau que l’on a su transformer en feuilles malléables » explique Stéphane Auder. Depuis d’autres matériaux, tels que le zinc ou le cuivre sont utilisés pour réaliser les ornements de toiture : œil de bœuf, lucarne, épi de faîtage, girouette, voire dragons ou sorcières, selon le choix du client qui parfois ne manque pas d’imagination !

Des pièces que son entreprise peut réaliser sur mesure et à l’unité si besoin, ce qui constitue l’un de ses principaux atouts. L’entreprise travaille en direct avec des couvreurs dont les commandes représentent 70 % de son chiffre d’affaires mais aussi des particuliers, à hauteur de 25 % de l’activité.

De vastes compétences pour exercer le métier d’ornemaniste

Les compétences de l’artisan ornemaniste sont vastes : il doit savoir dessiner (aujourd’hui avec l’informatique via DAO), créer des moules d’empreintes, former et repousser le métal puis l’assembler avec des soudures étanches aussi discrètes que possibles. Un travail de conception et de précision artistique !

L’exercice du métier demande un long temps d’apprentissage en entreprise : la profession qui nécessite 10 ans de formation et d’expérience n’est pas enseignée en CFA et les jeunes doivent tout apprendre chez les ornemanistes. Autre particularité : le professionnel doit investir dans un parc de machines conséquent : presse d’estampage, tour à repousser le métal, plieuse, guillotine, rouleuse, molleteuse, baguetteuse, …

Stéphane Auder emploie aujourd’hui 4 salariés, dont Alexandre, son neveu chaudronnier de formation, présent depuis 14 ans dans l’entreprise. Puis il a renforcé les troupes avec Teddy, menuisier embauché il y a 5 ans. Enfin, Julien, un tourneur-fraiseur a rejoint les équipes depuis quelques mois. Il devra à terme remplacer Stéphane sur les opérations de repoussage de métal, des techniques complexes et très précises à maîtriser.

Ainsi libéré, l’ornemaniste pourra davantage se consacrer aux taches de bureau et commerciales (assurées par Florence, son épouse) mais aussi de formation indispensable pour développer l’entreprise.

Le métier d’ornemaniste suppose la maîtrise de nombreuses techniques sur le façonnage du métal

Un projet de reprise avec un client investisseur

Le chef d’entreprise a commencé à réfléchir à sa succession, il y a deux ans. « C’est le bon moment, car si on attend l’âge de la retraite, on n’a qu’une solution : fermer à jamais l’entreprise » analyse froidement l’ornemaniste

Une rencontre heureuse avec l’un de ses clients lui a permis de démarrer son projet de reprise. Son client, un investisseur, a en effet accepté de racheter 90 % des parts de la société et de financer de nouveaux ateliers qui lui permettront d’accroître son activité. La mairie a autorisé la construction de nouveaux locaux situés sur un terrain non loin du domicile du chef d’entreprise.

Le nouveau site, qui devrait voir le jour d’ici moins de deux ans, s’étendra sur 1000 m2 avec un large atelier, un show-room, des bureaux et une salle à dessin équipée d’ordinateurs sans oublier un coin repos/repas équipée de vestiaires. Un autre espace permettra de stocker les 150 moules d’empreinte de l’entreprise (il faut 4 moules pour façonner le plus gros coq) et les 800 mandrins en bois ou métal (formes pour le repoussage).

Le nouvel atelier de Stéphane Auder, qui devrait bientôt voir le jour, disposera d’un espace plus grand pour stocker les 150 moules d’empreinte de l’entreprise et les 800 mandrins en bois ou métal (formes pour le repoussage)

De nouveaux équipements pour un atelier plus grand

Quant à l’atelier proprement dit, il pourra accueillir une vingtaine d’établis fabriqués sur mesure, avec des fers à souder pour les ornemanistes, une 2e Kraftformer (machine pour le formatage de la tôle), une nouvelle presse hydraulique, et au final, une véritable fonderie.

Ces équipements quasiment doublés mobiliseront un personnel qui lui aussi sera plus nombreux. « Nous prévoyons de recruter et former une personne tous les deux ans pour monter l’effectif à 10 salariés, à raison de 7 salariés à la production, 1 au commercial, 1 au secrétariat/administratif et un gérant » précise Stéphane Auder.

Lucarnes, oeil de boeuf peuvent être réalisés à la demande, en petites unités et sur mesure si besoin.

Une taille critique face à la concurrence des petites structures

Ce projet permettra de redynamiser l’entreprise et de lui donner une taille décisive face à la concurrence des petites structures, analyse Stéphane Auder,… tout en travaillant dans une atmosphère familiale.

« On a conservé cet esprit de famille et on y tient car nous sommes attentifs et proches de nos salariés » témoigne Florence qui cherche à développer la visibilité de l’entreprise. Un site internet récent (https://atelierauder-ornements.com) permet de communiquer sur les réalisations et ornementations mises en œuvre sur les maisons individuelles, hôtels et châteaux et il a déjà convaincu une clientèle française et étrangère.

Cette belle aventure, qui n’est pas de tout repos, devrait permettre à l’ornemaniste de perpétuer un savoir-faire français d’exception reconnu par la profession et que le gérant défend. Il est d’ailleurs l’auteur des sujets des deux derniers concours MOF, (3 candidats sur 4, ont été médaillés) et également correcteur du Concours MAF

Des girouettes constituées de sorcières, dragons, ou autres personnages de légende … peuvent décorer les toits des clients de l’ornemaniste en couverture.

 

Source : Apiedoeuvre.fr / D. Legrand

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