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Ce qui change dans le diplôme du CAP peintre applicateur de revêtement

Sylvain Fornes, peintre et élu de la Capeb a participé à la rénovation des diplômes de peintre en cours depuis trois ans, dont le CAP. L’apprenti peintre apprendra les bases du métier de solier désormais. Détails…

Après la rénovation en 2015 du diplôme du brevet professionnel Peintre (BP), – un souhait de l’Education nationale pour rationaliser le nombre de diplômes dans la profession -, le Certificat d’aptitude professionnelle Peintre a également fait l’objet d’un travail de révision avec l’ensemble de la profession (voir l’interview de Luc Papavoine)

« C’est un travail qui a été mené avec la participation des professionnels de l’UPMF-FFB, l’UNA-PVR* Capeb, le conseil formation CCCA-BTP en charge de la filière de formateur et enseignant et un représentant de l’OPPBTP. explique Sylvain Fornes, également président de la Capeb Rhône.

La rénovation du premier diplôme, le BP, a mobilisé les professionnels durant un an à raison de 26 jours de travail et de réunions dans l’objectif de remonter le niveau du diplôme. « Nous craignions de nous faire dicter les règles de cette rénovation par l’Education nationale, mais finalement, nous avons pu y mettre notre patte » résume le professionnel.

« Certes, certains savoirs transverses ont été imposés mais nous sommes parvenus à faire évoluer les choses du bon côté ». Ce travail de qualité a été mené grâce à une vision commune partagée par les intervenants dont l’inspecteur en chef jugé « très ouvert », selon Sylvain Fornes.

Il faut resserrer le nombre de diplômes dans les métiers de la finition

Après la rénovation du BP, il restait donc à revoir celui du CAP et à l’adapter au niveau du nouveau Brevet professionnel, applicable depuis septembre 2016. Un travail qui a démarré fin 2018 avec une contrainte initiale imposée par l’Education nationale : « resserrer le nombre de diplômes dans les métiers de la finition ».

En clair, il s’agissait de supprimer le CAP de solier moquettiste (à peine 30 élèves par an) et incorporer les savoirs de base des métiers du sol dans le CAP de peintre. Précision : une mention complémentaire « Revêtements de sols » sur un an est à l’étude. Elle permettrait de parfaire les connaissances du jeune titulaire du CAP de peintre, en matière de techniques de pose du sol.

« Nous ne souhaitons pas perdre la main sur nos métiers et la laisser aux fabricants de revêtements de sol* qui ont tous créé des écoles de formation. Certes, il faut se servir de ce qu’ils font et de leurs outils de formation, mais cela doit être fait sous couvert de l’Education nationale et du CCCA-BTP » insiste Sylvain Fornes.

Le métier de solier requiert des compétences techniques pointues (photo prise lors des Olympiades des métiers à Caen en 2018 ). La révision du CAP de peintre permettra d’intégrer les fondamentaux de la pose d’un revêtement de sol simple avec la préparation du support (dont le ragréage)

Un peintre doit savoir faire un ragréage et une pose de revêtement de sol

Pour sa part, Sylvain Fornes souhaite qu’un jeune peintre sache faire un ragréage, une préparation de sol et une pose simple de revêtement dans une pièce. « Ce n’est pas compliqué techniquement parlant, il faut juste connaître les bases du métier. Cela suppose de remonter les fondamentaux du métier, et de travailler sur la préparation des supports » résume le professionnel.

Mais remonter les fondamentaux du métier n’est pas toujours compatible avec les nouvelles exigences de formation imposées dans les cursus par l’Education nationale (dites formations transverses ou enseignement général incluant le Français, histoire, géographie, mathématiques, sciences-physiques et Education physique).

« Elles peuvent venir empiéter sur le cœur de métier et à force d’en rajouter, on risque de déshabiller nos professions » redoute le professionnel qui ajoute « Si on appauvrit les formations coeur de métier, il faudrait dans ce cas idéalement étendre la durée du CAP sur 3 ans, comme par le passé ».

Le métier doit communiquer, estime Sylvain Fornes. Les Olympiades des métiers dont les finales se sont déroulées à Caen en novembre 2018 ont permis d’apporter un coup de projecteur sur ces filières d’avenir.

Les jeunes titulaires d’un CAP en peinture ne sont pas opérationnels

Selon le responsable, les jeunes qui sortent du CAP ne sont pas opérationnels. « Le CAP est un diplôme de niveau V et il permet théoriquement au diplômé de s’installer à son compte et de créer son entreprise ».

Or, le diplôme actuel ne fournit que les bases du métier de peintre, selon le professionnel. « Il faut noter que profession propose de bons salaires, ce qui suppose que les jeunes diplômés soient efficaces. Or, il n’y a pas toujours d’adéquation entre ce qui est écrit dans le diplôme et ce qui sort des écoles… » détaille Sylvain Fornes qui se dit satisfait de la réécriture du diplôme mais qui reste vigilant quant à son application.

« Le métier de peintre est attaqué de toutes parts »

Le président de la Capeb Rhône estime par ailleurs que sa profession « est attaquée de toutes parts ». En effet, faute de diplôme, un peintre justifiant de 5 années d’expériences peut s’installer à son compte. « Il n’aura appris et pratiqué qu’une partie du métier et devient un concurrent. C’est la raison pour laquelle nous préférons former de vrais professionnels, afin de ne pas dévaloriser notre métier » justifie le professionnel.

Selon ce dernier, l’accès à l’entreprise ne peut pas se faire n’importe comment car il faut des outils en main pour démarrer dans le métier. « Notre métier est l’un des plus vieux du monde, c’est un vrai ascenseur social et on peut très bien y gagner sa vie. J’en suis la preuve car avec mon BEP, mon entreprise a pu embaucher jusqu’à 25 salariés ».

Sylvain Fornes regrette cependant que le peintre soit dénigré aux yeux du public. « On n’est pas des barbouillons mais des professionnels de la finition et tout commence par les fondations du métier et donc de la formation »

« On a du mal à recruter, c’est un beau métier qui donne du rêve et le sourire aux clients. Tous les métiers du Bâtiment ont du mal à recruter et ce n’est pas une question de salaire, la question de l’image est importante et c’est cette image que nous devons travailler… » conclut-il

Quand les fabricants s’investissent dans la formation des pros

Forbo Sarlino, Gerflor et Tarkett ont créé depuis plusieurs années des centres de formation de soliers avec des formateurs spécialisés.

Les industriels du sol organisent des cursus de formation diplômants en alternance pour les jeunes en contrat de professionnalisation (jusqu’à 30 ans avec la réforme de l’apprentissage). Forbo revendique 90 % de réussite (350 diplômés depuis sa création) avec 95 % d’embauchés à l’issue de la formation.

Pour 2019, le fabricant forme dans ses trois centres de formation les professionnels aux principes et techniques de mise eu oeuvre des revêtements linoléum et PVC et à la préparation et à la réalisation de soudures (à froid ou à chaud). D’autres modules sont prévus pour les pros tels que la pose complexe d’un revêtement PVC, d’un système douche (avec points particuliers d’étanchéité) ou de solutions de recouvrement avec les solutions de nouvelle génération.

Source : Apiedoeuvre.fr

 

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