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Le GMH se bat pour la sauvegarde du savoir-faire… et la formation

Il fêtera bientôt ses 60 ans ! Le groupement des entreprises de restauration des monuments historiques ne se bat pas seulement pour la sauvegarde des édifices. Son cheval de bataille : la sauvegarde du savoir-faire grâce à la formation.

L’histoire du GMH et son évolution au cours des années illustrent bien les défis relevés par les métiers dits du patrimoine. Créé à l’origine par des membres de la Fédération parisienne du Bâtiment, le groupement des Monuments historiques était essentiellement composé d’entreprises de maçonnerie spécialisées en pierre en taille, rappelle Gilles de Laage, coprésident du GMH (voir encadré).

Depuis les années 60 et jusqu’aux années 80, les entreprises membres de la structure travaillaient en effet dans la restauration des sites historiques, et dans les métiers de pierre de taille, un marché alors suffisamment important et visible pour justifier du fonctionnement et de la spécialisation du GMH.

« Depuis les années 80, le GMH a élargi son champ d’activité en intégrant la totalité des métiers qui touchent l’immeuble historique par destination. Il intègre aujourd’hui 12 métiers, allant du tailleur de pierre au charpentier et au menuisier, en passant par le vitrailliste, le peinture, le parqueteur (voir liste ci-dessous) » indique Gilles de Laage.

250 adhérents et 10 000 salariés

De fait, le GMH compte aujourd’hui quelque 205 adhérents et représente 10 000 salariés dans son domaine d’activité. « L’obligation principale de l’adhérent est d’avoir une politique de formation dans son entreprise, en clair, elle doit avoir formé des compagnons ou s’engager à le faire » spécifie le co-président qui ajoute : « Nous avons refusé un restaurateur de mosaïque car il travaillait seul. On ne peut pas se battre, et pour la formation et pour la transmission, sans respecter cette obligation de formation ».

Le GMH regroupe des entreprises de toute taille, qualifiées Qualibat, de la structure artisanale à la grosse PME de 500 salariés, avec une moyenne tournant autour de 40 à 50 salariés. Elle dispose d’un bon maillage territorial aujourd’hui avec 13 régions représentées par des délégués régionaux, plus ou moins pourvues en adhérents selon la collectivité représentée.

Autre particularité : si le métier effectué par l’adhérent du GMH, existe au sein de la FFB, l’entreprise doit obligatoirement, dans les 2 ans qui suivent son adhésion, être adhérent de la FFB. « Nous sommes hébergés dans la famille de la Fédération française du Bâtiment, mais de façon transverse, en raison de la  diversité de nos métiers ».

Des commissions techniques… pointues !

Alors quel est l’objectif du GMH et quelles sont ses actions ? « Nos actions sont de trois types : tout d’abord, le rassemblement de nos membres, ensuite le lobbying pour le financement de la restauration du patrimoine et enfin, nos commissions de travail » répond Gilles de Laage. Autre type d’action liée aux précédentes : un gros travail technique réalisé via des commissions chargées de réfléchir sur différentes problématiques sans oublier un colloque High Tech Patrimoine annuel.

Les commissions techniques réfléchissent ainsi sur de multiples sujets comme la perte de savoir-faire en matière d’enduits traditionnels, un thématique qui a donné lieu à la parution d’un ouvrage dédié.

Mais d’autres sujets ont pu être traités comme celui de la restauration d’ouvrages en plomb sur Paris susceptible de générer des arrêts de chantier (ex : chantier du Panthéon).

Ressources en ardoises, BIM, restauration des bétons, accès pour personnes à mobilité réduite, peuvent aussi faire l’objet de réflexion au sein des commissions techniques. « C’est en règle générale 3 à 4 groupes de travail qui sont constitués en même temps pour avancer sur les problématiques et proposer des solutions avec les acteurs concernés » ajoute le coprésident du GMH.

Les remparts de Carcassonne

Une enquête sur la formation des jeunes

Autre sujet et non des moindres, porté par le GMH : celui de la formation des jeunes sur lequel s’est engagé la coprésidence actuelle. « Nos CFA se vident. Il faut y remédier » indique Gilles de Laage. Une enquête approfondie a été réalisée auprès des membres du groupement afin de faire un état des lieux précis sur les ressources en formation dont disposent les entreprises incluant les lieux de formation existants, les diplômes préparés, les effectifs…

Le constat du président est clair : la plupart des jeunes entrent dans le métier après la 3e pour la même raison : le refus de poursuivre les études dans le système scolaire. « Ce n’est pas parce qu’ils sont mauvais, mais seulement parce que le système scolaire ne leur convient plus » reprend le coprésident.

Et plutôt que de former des jeunes entrés dans le métier par non choix, voire par dégoût du système scolaire, les professionnels du GMH voudraient les séduire en développant toute une panoplie d’idée et de solutions.

 Il faut pousser les idées !

« Il faudrait créer un campus du patrimoine, pas forcément physique d’ailleurs, il peut être virtuel. Et le jeune en 3e peut démarrer une formation en niveau V et aller jusqu’au niveau I et cette formation sera sanctionnée par un diplôme de l’Institut national du patrimoine » développe Gilles de Laage qui précise immédiatement que la mise au point de référentiels pour ce diplôme ne relève pas de la compétence du GMH, « mais nous sommes là pour pousser les idées ! »

Et il vrai qu’il faudra donner des idées aux familles pour dépasser de nombreux a priori sur le travail manuel. « C’est une problématique de poids et au ministère de l’Education nationale, on nous répond souvent que l’aspect manuel rebute les parents. Mais il semble que l’Education nationale a pris en compte cet a priori, pour le contrecarrer et tenter de valoriser à nouveau les travaux manuels ».

Autre question et problématique soulevée par le coprésident : comment un professeur peut-il expliquer ce qu’est un métier manuel ? Ne vaut-il pas mieux laisser les pros expliquer aux jeunes la richesse et les spécificités de leurs métiers ?

Donner de la visibilité sur des parcours de formation complet

Toutes ces questions alimentent de riches débats parmi les passionnés des Monuments historiques qui espèrent que l’Education nationale saura mettre en place de nouveaux parcours beaucoup plus visibles qui sauront séduire parents et enfants.

« Ce sont d’abord les parents qu’il faut convaincre en leur expliquant que l’on peut se former sur les métiers manuels du patrimoine, développer des connaissances et des savoir-faire dans le cadre de parcours qui peuvent aller jusqu’à l’encadrement de travaux et la gestion de chantiers.

Mais il faut donner de la visibilité à ces parcours car c’est ce qu’il manque aujourd’hui. Et l’Education nationale doit porter ce projet en développant une chaîne de propositions globales pour l’ensemble des métiers manuels, en fait. Nous sommes à l’écoute et prêt à contribuer à ces projets… » termine le coprésident du GMH.

Une coprésidence duale pour le GMH

Particularité du GMH : il est présidé par deux hommes : Gilles de Laage (à gauche) et Frédéric Letoffé, qui tous les deux, dirigent des entreprises de taille de pierre. « Nous avons mis en place cette fonction duale car non seulement nous nous connaissons bien depuis longtemps, mais par ailleurs, ce fonctionnement nous fait gagner du temps à chacun puisque nous nous répartissons les missions de représentation du GMH ». Cela permet aussi la représentation d’entreprise parisienne et provinciale.

Les 12 métiers du GMH

Douze métiers sont par ailleurs représentés au GMH : Maçon-tailleur de pierre, charpentier, menuisier-ébéniste, couvreur, sculpteur, maître verrier, staffeur stucateur gypsier, ferronnier, peintre en décor, doreur, marbrier, restaurateur de parquet.
En savoir plus : www.groupement-mh.org

Crédit photo d’ouverture ©http://fondation-patrimoine.fondation-total.org/ Chateau de Borely-Marseille

Source : Apiedoeuvre.fr

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